Régressions sociales ou la politique inutile.
La crise économique se transforme en une multitude d'autres crises. La crise politique en fait partie. Durant la période de la grande crise de 1929, nombreux étaient les États qui connurent une transfiguration de leur vie politique. Selon les pays, cette transfiguration s'est exprimée de différentes manières. Poussée de régimes totalitaires en Allemagne, en Russie, ou encore en Italie. Instabilité politique notamment en France et en Grande-Bretagne.
La crise économique a été, en effet, mal appréhendée par les gouvernements. De nombreuses scissions idéologiques sont nées ce qui a entraîné de fait un ralentissement des décisions par l'apparition d'une ribambelle de petits partis et de partis extrémistes . Les révoltes populaires ne se contenaient plus, on manquait de nourriture et de moyens pour se chauffer.
Les discours des nationalistes séduisirent en promettant la diminution du chômage, le retour à une économie saine, l'hégémonie de l’État et la suprématie de certaines classe. L'exemple de référence est de toute évidence l'arrivée du NSDAP (parti Nazi) au pouvoir du Reich Allemand en 1933.
En effet, la crise toucha de plein fouet l'Allemagne affaiblie par la guerre. L'augmentation du chômage et de la pauvreté permirent d'alimenter le discours des Nazis. Ce parti devint vraiment populaire en 1933. Le 30 Janvier, Hitler, le leader du parti nazi, est nommé Chancelier par Hidenburg. Suite à la mort de celui-ci en 1934, Hitler obtint le droit de cumuler les pouvoir. Le voici chef du troisième Reich. Il instaura une période terreur. Il fit brûler le Reichstag le 28 Février 1933 et les livres des opposants politiques lors de l'autodafé le 10 Mai 1933. Il lança la propagande, créa des organisations miliciennes comme la gestapo et la S.S. qui avaient pour but de dénicher tout opposant, fit censurer les journaux et courriers ne respectant pas la politique nazie, organisa de grande rencontes sportives pour promouvoir la puissance du nouveau Reich, ouvra les portes des ''Jeunesses Hitlériennes'', contrôla l'éducation des enfants, élabora les lois de Nuremberg en 1935 qui développèrent l'idée de haine envers les juifs et prônèrent l'élévation de la race aryenne en bâtissant secrètement des Lebensborns où 20 000 enfants furent procréés entre les membres de la SS et des femmes respectant les critères de la race aryenne. Hitler s'intéressa à ses voisins dictateurs. Pour mener à bien son projet de conquête, il signa des pactes avec ses cousins dictateurs : Staline, Mussolini.
Le totalitarisme, issu de l'effet d'aubaine de la crise, est un signe incontestable de la régression. Les droits fondamentaux sont bafoués, les libertés supprimées, et les chefs de ces mouvements ne vivent que par une idée primitive qui est celle de conquête des terres et la soumission des peuples par la force.
Les mouvements fascistes ne se sont pas contenues entre les frontières du Reich allemand. La France et la Grande-Bretagne subirent elles aussi l'action de ces partis. En effet, ceux-là ont fortement évolué durant la période de crise profitant de l'instabilité politique.
En 1929, la Chambre des Communes en Grande-Bretagne était dominée par la coalition des travaillistes et des libéraux. R.MacDonald, du groupe des travaillistes, dirigeait le gouvernement. Il fut néanmoins critiqué de tout bord. Les travaillistes l'accusaient de ne pas oser la politique socialiste, et les conservateurs dénonçaient les dépenses considérables de l'Etat. La crise économique, puis financière aggrava sa situation, car il dut demander une aide financière auprès de la Fed. Ainsi il fut contraint d'appliquer une politique conservatrice en taillant dans les dépenses. Son camarade O.Mosley décida de quitter le gouvernement pour témoigner de son désaccord et fonda le New Party qui devint un véritable parti fasciste. Suite à cela MacDonald démissionna en 1931.
De nouvelles élections furent donc organisées. La Chambre prit la couleur des conservateurs et contre toute attente, MacDonald saisit les rênes du gouvernement ce qui fit sensation auprès des travaillistes. Les mesures économiques s'opérèrent en deux temps marquant un contraste. D'une part, les conservateurs abonnèrent l'étalon-d'or qui avait été recréé en 1925 et procédèrent à des coupes considérables dans les dépenses d’État notamment celles destinées aux allocations ce qui engendra la révolte des travailleurs et des chômeurs. D'autre part, une grande majorité accorda le retour du protectionnisme, ainsi une multitude de nouvelles règles économiques virent le jour telles que la taxe protectionniste de 10 à 33% sur les produits étrangers (sauf ceux provenant du Commonwealth conservés par l'accord d'Ottawa), un développement des industries britannique, des incitations financières pour l'agriculture, la création de logements, la stimulation de la consommation par l'offre de crédit à bas taux et une politique de ''Buy British''. Ces règles sont en rupture avec la politique traditionnelle conservatrice, car l’État agit directement sur l'économie. Malgré ce renversement de situation MacDonald fut remplacé par Baldwin en 1935.
La France connut aussi une période d'instabilité politique. Entre 1932 et 1936, onze ministères se succédèrent. Le gouvernement ne parvenait pas à trouver les réformes financières et économiques adéquates. En effet, les ministres s'accordaient à réduire les dépenses de l’État en réduisant de manière significative le salaire des fonctionnaires, ce qui influença les chefs d'entreprises à faire de même avec leurs ouvriers contractant mécaniquement la demande en bien de consommation. Le 6 Février 1934, les ligues d'extrême droite défilèrent dans les rues de la capitale française provoquant des émeutes. Ils échouèrent leur coup d'Etat. Le Front populaire offrit un léger répit à la polique française par son arrivée au pouvoir en 1936 (voir les grandes réformes), mais Léon Blum démissionna en 1937 livrant de nouveau la France à une instabilité politique. Un gouvernement le remplace de mai à juin 1938.
La crise est un véritable gouffre politique. Elle restreint les marges de manœuvres des hommes au pouvoir, divise les partis favorisant la montée de partis fascistes et extrémistes, multiplie les mesures contradictoires ne permettant pas l'émancipation de la société.
Aujourd'hui l'instabilité politique est visible notamment dans les pays les plus atteints par la crise c'est-à-dire la Grèce depuis le départ de Papandréou, mais aussi le Portugal, et l'Italie. On remarque aussi la réapparition des partis extrémistes comme le Front National en France (près de 18% des suffrages aux élections présidentielle de 2012), ou des partis indépendantistes comme les pro-flamands en Belgique, et les pro-catalan en Espagne. Au niveau européen, un nouveau parti est apparu dans l’hémicycle du Parlement Européen : le ITS (Identité, Tradition, Souveraineté). Il s'agit d'un regroupement de mouvements indépendantistes, fascistes, et extrémistes. On note actuellement la croissance du nombre de partis et mouvements extrémistes: M5S et les néo-fascistes en Italie, le FN et le Bloc Identitaire en France, le NPD en Allemagne, le Tea Party aux Etats-Unis, ou encore le parti néonazi de l'Aube doré en Grèce. Tant de mouvements dont il faut se méfier vue leurs revendications et leurs influences.