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La crise est-elle un frein au progrès?
3 janvier 2013

Le chômage: un frein économique. (prologue à l'article "Investissements" )

 

Insee-chomage-France-Q4-2011Insee_chomage_France_Q4_2011

 

La tâche la plus contraignante des entreprises est probablement l'anticipation de la variation de la consommation. Cette difficulté est d'autant plus grande en période de récession ou de crise, car la demande devient instable ce qui laisse les entreprises dans le flou, produisant de manière incertaine. En effet, lorsque la consommation diminue, l'entreprise doit réduire l'offre. Dans le cas contraire, elle devrait tailler dans ses marges voire vendre à perte ce qui est interdit et surtout absurde. La contraction de la demande entraîne donc une diminution des profits. Là est bien le problème, car les profits servent , en partie, à financer le facteur capital et le facteur travail. Pour le premier cas, l'entreprise doit faire face aux amortissements, c'est-à-dire aux coûts des machines et de l'établissement nécessaires à la production. Il faut qu'elle puisse rembourses les créances contractées qui lui ont permis d'acquérir ses capitaux fixes et roulants, mais aussi de les entretenir. Pour le second cas, elle doit verser chaque mois le salaire de ses employés qui sont indispensables à la production.

Ainsi, la diminution des profits engendre, de fait, l'inutilité de quelques facteurs de production : certaines machines fonctionneront à vide, certains employés deviendront superflus. L'entreprise doit donc s'adapter à ce changement de production. Elle peut avoir recours à la restructuration pour fermer les branches les moins rentables ou délocaliser son établissement vers des pays où le coût du travail est moindre. Dans les cas les plus extrêmes comme une faillite, l'entreprise dépose le bilan. Les conséquences sociales sont importantes, car il s'agit dans les trois cas de suppressions de postes réduisant le marché du travail vu que moins d'emplois sont à pourvoir.

Pour la restructuration comme pour la délocalisation, l'entreprise peut demander aux salariés victimes de se reconvertir pour être mutés et/ou intégrés dans un autre domaine de compétence au sein même de l'entreprise. Par contre, lors de conjonctures économiques particulièrement mauvaises, nombreuses sont les entreprises qui se trouvent en voie de cessation de payement, quelques autres ne peuvent ni se restructurer ni délocaliser, ainsi la marge de manœuvre se restreint et doit donc procéder à des suppressions de postes sans reconversion. Pour amortir les effets d'un licenciement sec qui serait à la fois néfaste pour l'économie que pour le social, l'entreprise est en mesure de mettre en place des plans sociaux, toutefois si cette dernière possède plus de cinquante salariés et qu'elle devrait se séparer d'au moins dix employés sur une durée d'un mois. Ces plans sociaux offrent trois grandes possibilités : soit réduire le temps de travail, soit réorienter les employés vers des formations ou la réalisation de leurs projets personnels, soit d'effectuer des préretraites. Dans les cas les plus extrêmes, les entreprises ne sont pas en mesure d'aménager des plans sociaux, le licenciement devient donc inévitable. L'exemple actuel le plus concret est sans équivoque la retructuration du groupe PSA, car il procède à des suppressions d'emplois conséquents suite à la diminution de son chiffre d'affaire. En effet, la baisse des ventes de véhicules en France en 2012 est de 14% par rapport à 2011, si bien que le constructeur PSA, qui est l'un des plus affecté par la diminution des ventes, a décidé au cours de l'année 2012 de fermer l'établissement de production d’Aulnay : trois milles postes seront donc supprimés. A cela s'ajoute d'autres suppressions d’emplois au sein de ce même groupe pour pouvoir restructurer, mais aussi réorganiser. En somme, le groupe prévoit de détruire quelques huit milles emplois en France d'ici 2014. Mais en France, le groupe PSA n'est pas le seul à licencier. Aujourd'hui de nombreuses entreprises sont prêtes à supprimer des emplois comme Sanofi (près de deux milles emplois seraient de nouveau menacés selon le syndicat de la la CFDT alors que quatre milles emplois ont d'ors et déjà été supprimés entre 2009 et 2011), l'industrie métallurgique de Florange ( ), mais c'est aussi Pétroplus (quatre cents soixante-dix emplois qui risque de disparaître), AirFrance (suppression de 5122 emplois d'ici 2013, le volailler de Graincourt (trois milles quatre cents emplois menacés dont mille déjà détruits), ArcelorMittal de Florange (six cents soixante-et-onze emplois menacés), Electrolux (quatre cents dix-neuf emplois).

Mais il ne s'agit pas uniquement d'un phénomène français. Le monde entier doit faire face à ces problèmes. Comparons l'évolution des taux de chômage. En France, le taux de chômage est passé de 9,9% en fin 2011 à 10,3% en Fin 2012. Sur la même échelle de temps penchons nous sur les quelques pays Européens : Allemagne de 5,6% à 5,4% ; Espagne : de 23,1% à 26,2% ; Italie de 9,5% à 11,1% : Grèce de 21,3% à 26%, Portugal de 14,6% à 16,3% ; Union des 27 de 10% à 11,7%. Et au niveau mondial : États-Unis de 8,5% à 7,7% ; Japon de 4,5% à 4,2%. (*) Par ces chiffres nous pouvons constater que seul l'Allemagne est parvenue à réduire de manière significative le taux de chômage. Mais cela ne s'est pas fait sans conséquences, car il faut souligner que l'Allemagne a augmenté de manière significative le travail à temps partiel réduisant, de fait, les salaires.

Le chômage est un facteur d'aggravation de crise, car il engendre inévitablement le revenu des ménages, or si l'on taille dans le revenu des ménages ceux-ci contracteront leurs dépenses donc leur consommation, et comme nous l'avons vu précédemment la diminution de la consommation entraîne la baisse de la production ce qui augmente les risques sociaux. Il s'agit donc d'un cercle vicieux. De plus, en périodes de difficulté financière, les ménages ont tendance à augmenter leur épargne ralentissant une fois de plus la consommation.

Les économistes keynésiens démontrent que l'offre entretient sa propre demande. D'ailleurs Keynes disait : « Le principe de l'épargne , poussé à l'extrême, détruirait le motif de la production. Si chacun se contentait de la nourrir la plus simple, du vêtement le plus pauvre et de la maison la plus humble, il est certain qu'il n'existerait pas d'autre sorte de nourriture, de vêtements ni de maison. » Il disait aussi qu'il fallait dissocier autant qu'il est possible le revenu des agents de leur emploi ce qui éviterait que le chômage n'oblige les chômeurs à réduire leurs dépenses permettant de réduire le multiplicateur de crise et la stabilisation de l'économie.

 

(*): chiffres Eurostat

 

 

 

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